“Notre avis vaut mieux qu’une réaction épidermique”

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Haro sur la Creg, a-t-on entendu après qu’elle a écorné le plan défendu par Melchior Wathelet. Peu importe, le régulateur maintient : il a raison.

C’est ce qui s’appelle maintenir le cap. Violemment mise en cause la semaine dernière suite à son avis malmenant la feuille de route énergétique concoctée par Melchior Wathelet (cdH) jusqu’à se voir taxée d’inconsistance et accusée par le secrétaire d’Etat de mettre en péril la sécurité d’approvisionnement du pays, la Creg retape sur le clou. Et assume : “Cet avis, nous ne l’avons pas rédigé enfermés dans notre tour d’ivoire, brocarde Dominique Woitrin, directeur du fonctionnement technique des marchés. Nous nous sommes rendus à plusieurs séminaires portant sur les marchés de capacité, et tous les experts consultés sont de notre avis”.

Du coup, le gendarme énergétique digère mal de voir son rapport balayé d’un coup de manche expéditif. “Il s’agit d’une réaction totalement épidermique basée sur un seul point : notre mention d’une potentielle prolongation du nucléaire, pour une durée très limitée. Une piste que nous présentons comme une solution ultime en cas de besoin, qui ne pèse que deux lignes dans un rapport de 35 pages. Et c’est tout ce que relève Melchior Wathelet. C’est dommage.”

Ne sous-entendez pas non plus que l’institution a péché par manque de cohérence et a complétement retourné sa veste. “C’est tout le contraire, dément Dominique Woitrin. Notre position sur le nucléaire est mentionnée dans une étude de 2011. Et si nous suggérons d’étudier le mécanisme de paiement de capacité la même année, c’est pour le faire en 2012, et en conclure que ce n’est pas une manière d’intervenir de façon opportune dans le marché. Après le nucléaire et l’éolien, ne créons pas une troisième rente ! Ce n’est pas sain pour le consommateur.”

Comme un cheveu… En coulisses, il se murmure aussi que l’option mise sur la table par Melchior Wathelet afin de rendre rentables les investissements dans le gaz ne soulève pas un vent d’enthousiasme délirant au sein de la majorité fédérale. En pleine négociation, le rapport vinaigré du régulateur serait donc tombé comme un cheveu dans la soupe, un rôle qui n’est pas pour déplaire à la Creg, soit dit en passant. Autrement dit, politiquement parlant, mieux valait couler ce rapport avant qu’il ne coule plus gros que lui.

“Qu’on cesse de dramatiser, demande l’un des quatre directeurs de la Creg. Mettons le couvercle là-dessus et voyons-nous pour discuter des besoins belges à court et moyen terme. La première étape pourrait bien être le lancement d’un appel d’offres pour des centrales au gaz, mais à cycle ouvert, susceptibles d’être, par la suite, reconverties en turbines gaz-vapeur. Voilà un an que nous demandons à rouvrir le débat avec Monsieur Wathelet. Notre avis n’est pas que négatif ; il lance aussi des pistes et des solutions.”

BENOÎT MATHIEU

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