Les Gazelles du Hainaut sous le signe de l’antimorosité

Plus de 300 responsables d’entreprises du Hainaut (et d’ailleurs) se sont retrouvés ce 5 mai dans le cadre bicentenaire du Grand Hornu, où trois de leurs pairs ont été mis à l’honneur en recevant le titre d’Ambassadeurs des Gazelles de Trends-Tendances.

Les Gazelles de Trends-Tendances récompensent dans chaque province trois entreprises (une grande, une moyenne et une petite) qui se sont distinguées par une croissance remarquable entre 2004 et 2008 (chiffre d’affaires, cash-flow et création d’emplois). Ce 5 mai, la caravane des Gazelles terminait en beauté son tour des provinces wallonnes par le Hainaut, en faisant étape au site du Grand Hornu, qui fête cette année son bicentenaire et pourrait cet été être classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

C’est au coeur de cet ensemble industriel unique, véritable trait d’union entre tradition et modernité (le site abrite le musée d’Art contemporain), que les trois lauréats ont pu exposer leurs stratégies et les raisons de leur croissance. Tous liés cette année à des secteurs d’activité traditionnels de la Wallonie (sidérurgie, cimenterie, techniques de construction), ils démontrent que l’industrie a encore de beaux jours dans notre pays, à condition de se spécialiser dans des niches prometteuses.

L’événement, rythmé d’interviews orchestrées par Valéry Halloy, journaliste de Trends-Tendances, était clairement marqué par la volonté d’aller à l’encontre d’un risque de sinistrose. La crise économique, doublée chez nous d’un risque d’instabilité politique, est en effet bien présente dans les esprits. “Mais il est important de rappeler aux entrepreneurs locaux qu’il faut continuer à se battre au quotidien, d’anticiper les évolutions en se dotant d’indicateurs de performances, d’innover en se spécialisant dans des segments d’avenir et de prendre des décisions à temps, même si elles sont parfois difficiles” a souligné Didier Bouckaert, président de la CCI Hainaut et partenaire de l’événement.

Didier Bouckaert insiste par ailleurs sur la nécessité, à travers ces Gazelles, de médiatiser des exemples d’entreprises et d’entrepreneurs qui réussissent, dans une province qui souffre toujours d’une image négative et d’un déficit d’esprit d’entreprendre : “Nous avons des PME qui font des choses remarquables mais nos chefs d’entreprise ont encore trop souvent tendance à se cacher.”

Le président de la CCI Hainaut a déploré au passage l’absence de personnalités politiques hennuyères (le ministre-président Demotte étant excusé), pour la deuxième année d’affilée, alors que la situation économique fragile de la province implique plus que jamais de réunir les mondes politique et économique.

Olivier Fabes

(Photos © EventAttitude)

DM&E : Déconstruction métallique et environnement (DM&E) a été fondée en 2002 et fait partie du groupe binchois Wanty présent régulièrement dans le top des “grandes entreprises” du Hainaut. “Wanty est une entreprise familiale qui a été créée au sortir de la guerre par mon grand-père, explique Christophe Wanty qui gère aujourd’hui la société en compagnie de son beau-frère. A l’origine, c’était une entreprise active dans la construction (voirie, égouttage, démolition, etc.). Ces 10 dernières années, nous avons diversifié les activités selon deux axes : vertical et horizontal. D’abord avec l’acquisition de sociétés qui nous ont permis de contrôler l’ensemble d’une filière de l’amont à l’aval, depuis la carrière à la gestion des déchets, par exemple. En optant pour cette stratégie, nous sommes devenus plus compétitifs et plus flexibles et surtout moins dépendants de sous-traitants. Ensuite avec une diversification plus prononcée de notre core business en investissant toutefois dans des métiers proches. C’est le cas avec DM&E que l’on a créée afin de répondre à nos besoins de découpe au chalumeau pour les chantiers de démolition de centrales électriques.”

Michielsens Grues : On peut galoper vite et soulever des poids en même temps. La preuve avec Michielsens Grues qui se distingue cette année dans la catégorie des “moyennes entreprises”. Au départ, entreprise familiale anversoise fondée par Yvon Michielsens, Kranen Michielsens s’est au fil des années étoffée et étendue. Aux grues qu’elle loue et dont, pour l’anecdote, “la couleur orange caractéristique a pour origine le fait que le terrain où l’entreprise a débuté était situé Oranjestraat”, glisse Johan Michielsens qui dirige aujourd’hui le groupe, se sont en effet ajoutées des activités de transport en 1978 et de montage industriel en 1988. Après Anvers, siège du groupe, la société a créé des succursales d’abord en Flandre et à Bruxelles avant de se lancer en Wallonie en 2002 avec la mise sur pied d’une filiale à Charleroi, Michielsens Grues, dont dépend le site de Liège. Last but not least, le groupe est également présent aux Pays-Bas.

Ceratec Electrotechnics : “La croissance pour la croissance n’a pas d’intérêt, lance d’emblée Philip De Bruyn, administrateur délégué de Ceratec Electrotechnics. Mais elle est nécessaire pour d’autres raisons. En ce qui nous concerne, elle nous a permis d’acquérir une taille critique grâce à laquelle nous avons pu développer de nouveaux métiers et ainsi suivre les évolutions du marché. Une société en croissance est également plus attractive pour les collaborateurs et collaboratrices qui disposent alors de davantage d’opportunités pour faire carrière. Enfin, cela renforce notre pouvoir de négociation avec les fournisseurs.” Et en matière de croissance, Ceratec Electrotechnics sait de quoi elle parle. Entre 2004 et 2008, elle a plus que doublé son chiffre d’affaires qui est passé de 18 à 40 millions d’euros. Et l’emploi a naturellement suivi la même courbe ascendante avec aujourd’hui près de 300 personnes employées.

Guy Van den Noortgate

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