Glencore

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Glencore n’a fait son entrée en Bourse qu’en 2011 après quatre décennies de relatif anonymat. Le groupe basé en Suisse est entretemps devenu le 4e producteur diversifié de matières premières au monde. Parmi les principales acquisitions opérées depuis l’introduction en Bourse, citons celles de son concurrent Xstrata (29 milliards USD), du négociant en matières premières Viterra (5,4 milliards USD) et, plus récemment, du producteur de pétrole Caracal Energy (1,3 milliard USD). Elles n’ont cependant pas assouvi l’appétit du directeur général (CEO) Ivan Glasenberg. Ce dernier a donc jeté son dévolu sur Rio Tinto. Une combinaison des deux entreprises créerait le plus grand groupe de matières premières au monde. Mais son offre a été balayée par Rio Tinto. Le minerai de fer est absent de l’assortiment de Glencore. Or c’est précisément le point fort de Rio Tinto, qui tire 90% de son bénéfice du minerai. En raison d’une surproduction du côté de l’offre et d’une baisse de la demande chinoise, le cours du minerai de fer a presque diminué de moitié cette année pour retomber à son plus bas niveau depuis l’été 2009. Les analystes prévoient même un doublement de la suroffre, à plus de 100 millions de tonnes l’an prochain. Ivan Glasenberg a critiqué à plusieurs occasions la stratégie de Rio Tinto et BHP Billiton qui favorisent la suroffre en accroissant constamment leur production. L’augmentation de la production, qui se poursuivra au moins jusqu’en 2017, est la conséquence d’investissements décidés en 2011 sur lesquels il est impossible de revenir aujourd’hui. La baisse des cours de minerai de fer peut cependant favoriser les projets de Glencore si le groupe décidait de lancer une nouvelle offre sur Rio Tinto. Ce qui ne sera cependant possible qu’en avril prochain au plus tôt compte tenu des règles de concurrence actuelles. Plus le cours de Rio Tinto baissera, plus la prime que Glencore pourra proposer sera élevée par rapport à la valeur boursière. La division Charbon de Glencore donne un excellent exemple de la stratégie à adopter face à une situation de suroffre. Glencore est le premier exportateur mondial de charbon thermique (destiné aux centrales électriques). Pour les mêmes raisons que le minerai de fer (suroffre, Chine), ce charbon est retombé à son plus bas niveau en plus de cinq ans. Le charbon de référence pour l’Asie (le Newcastle Coal australien) a même abandonné près de 30% depuis le début de cette année. Glencore a réagi en gelant la production de ses mines de charbon australiennes pendant trois semaines. Cela va réduire la production de 5 millions de tonnes sur une production annuelle de 81 millions de tonnes (2013). La production totale de charbon du groupe (Australie, Afrique du Sud et Colombie cumulées) va progresser de 9,2% à 40,2 millions de tonnes au 3e trimestre. Ces 5 millions de tonnes ne sont donc qu’une goutte d’eau symbolique sur une pierre brûlante, mais il faut aussi y voir un signal important à court terme : seules des interventions du côté de l’offre pourront rééquilibrer le marché.

Conclusion

Glencore sort d’un premier semestre honorable, mais le 2{+e} semestre s’annonce plus difficile en raison de la baisse des cours des matières premières. Les bons résultats de la division commerciale, les rachats d’actions et la hausse du dividende (rendement de 3,2%) laissent un sursis. A 1,2 fois la valeur comptable et 15 fois le bénéfice attendu, nous jugeons la valorisation correcte.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

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