Daimler et Renault partenaires ?

Le constructeur allemand cherche depuis plus d’un an à trouver un partenaire pour développer sa gamme de voitures compactes : la rentabilité de ce segment est insuffisante. Dernier candidat en date : Renault.

Cela peut sembler, de prime abord, paradoxal, mais un constructeur comme Daimler Benz ne fait pas d’étincelles financières dans le créneau des voitures petites et compactes. Les Smart et les Classe A et B ont déçu les analystes. Elles n’ont pas répété le modèle économique de Mercedes, qui a toujours bien fonctionné pour les voitures plus grandes : une marque forte, des prix élevés et une marge robuste.

La raison de cette rentabilité déficiente ? Les quantités s’avèrent trop faibles pour obtenir de bonnes économies d’échelle. En 2009, Daimler vendait 215.500 Classe A et B et 113.900 Smart, soit un total de 329.400 véhicules, mais commercialisait environ 700.000 voitures plus grandes et plus chères (Classe C à S).

Mieux vaut un partenariat que l’abandon du créneau

Parmi les solutions, figure la délocalisation. Elle arrive tardivement. Daimler Benz construit une usine en Hongrie pour produire à meilleur coût les futures Classe A et B, à partir de 2012. Autre solution : trouver un partenaire, pour partager les frais de développement des futurs modèles, et partager des composants, comme les moteurs. Ce souci devient plus aigu avec les résultats de 2009, qui ont été très négatifs. Le groupe a annoncé une perte nette de 2,6 milliards d’euros, essentiellement dans le camion et la voiture, alors que le rival BMW continuait à faire des profits.

Un partenariat est jugé préférable à l’abandon du créneau. Dans ce dernier cas, Daimler Benz laisserait en effet à la concurrence le segment en pleine croissance de la petite “premium”, mieux finie et plus chère, où BMW a montré la voie avec sa Mini, et où Audi revient avec son modèle A1. Les constructeurs de grandes voitures ont aussi besoin des petites pour réduire la moyenne des émissions de CO2 de leur gamme, afin d’affronter les futures normes européennes. Enfin, Mercedes cherche à rajeunir la marque. L’âge moyen de sa clientèle dépasse en effet les 50 ans.

Depuis un an, le CEO du groupe, Dieter Zetsche, parle avec plusieurs constructeurs. Une solution germano-allemande – avec BMW – a été envisagée début 2009 : partage des plateformes des petits modèles. Et même une éventuelle participation croisée. Sans succès. Les deux sociétés se limitent à des achats communs. BMW a le même souci que Daimler Benz dans le segment des petites voitures mais le premier constructeur a l’avantage de faire un peu mieux : en 2009, BMW a vendu 219.944 Série 1 et 216.538 Mini, soit un total de 436.482 petits modèles, 32 % de plus que Daimler Benz. Il a surtout signé plus tôt des accords de partenariat. Ainsi, les Mini actuelles comportent un moteur développé conjointement avec PSA Peugeot-Citroën.

A présent, Daimler Benz discute avec Renault, important constructeur de petits modèles. Le français partage aussi de nombreux composants avec Nissan, dont il détient plus de 40 % des parts. La seule marque Renault a commercialisé l’an dernier plus de 800.000 voitures dans le segment des petits modèles produits par Daimler Benz.

Rumeur de participations croisées avec Renault

La presse financière – notamment le Financial Times – a fait état de rumeurs d’un échange de participations. Daimler Benz entrerait dans l’alliance Renault-Nissan et pourrait ainsi participer au pot commun des développements.

Cette perspective a été qualifiée de “spéculation” par le CEO de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. La discussion est délicate. Si la coopération est trop stratégique pour les partenaires, il vaut mieux la sceller par des liens en capital. La discussion est encore compliquée par l’écart entre la valorisation de Renault et celle de Daimler Benz : respectivement 9,5 et 35,4 milliards d’euros.

Robert van Apeldoorn

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