Les trois leçons de la crise de la dette américaine

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Le Congrès américain a adopté mardi soir une loi permettant de relever le plafond légal de la dette, évitant ainsi un défaut de paiement des Etats-Unis. Voici les principaux enseignements de ce bras de fer de plusieurs semaines entre républicains et démocrates.

Obama ressort fragilisé

“Tea Party: 1 Obama: 0”, titre sur son blog Pierre-Yves Dugua, le correspondant du Figaro aux Etats-Unis. De fait, si Barack Obama a réussi in extremis à ne pas faire sombrer son pays vers un défaut de paiement, il a perdu la confiance de sa base démocrate qui l’accuse d’avoir capitulé face aux républicains à l’approche de la présidentielle de 2012. Le président américain a cédé devant l’intransigeance de l’aile droite la plus dure, celle du Tea Party, en renonçant à augmenter les impôts des plus riches en contrepartie de coupes dans les dépenses sociales. “Pour les démocrates, cet accord permet, au mieux, de passer à autre chose. En premier ce chômage de 9,2% dont la persistance menace la réélection de Barack Obama. Mais en pilant sur leurs principes pour arriver à ce fameux compromis, les démocrates ont uniquement sauvé les meubles. Pour les républicains, et surtout ceux affiliés au Tea Party, cet accord représente une victoire politique sur toute la ligne. Et cela, même si certains Américains se souviendront qu’ils se sont comportés en cowboys en menant le pays au bord du précipice”, écrit la blogueuse économique canadienne Sophie Cousineau. Ce qui a également affecté la crédibilité de Barack Obama, c’est le spectacle d’élus des deux bords ne parvenant pas à se mettre d’accord et brandissant à l’envi la menace d’un défaut de paiement de la première puissance économique mondiale. La cote de popularité du président américain est descendue à 40%, selon le dernier sondage de l’institut Gallup. Celle du Congrès est encore plus faible.

Le problème de la dette n’est pas réglé

Ces semaines de bataille n’avaient qu’un seul but: obtenir l’autorisation de relever le plafond autorisé de la dette, c’est-à-dire d’accroitre encore le niveau d’endettement des Etats-Unis, alors que celui-ci atteint déjà 14300 milliards de dollars, soit un plus de 100% du PIB. Le texte voté par le Congrès permet de l’accroitre d’encore de 2100 milliards de dollars. La situation budgétaire des Etats-Unis est donc aussi tendue, voire plus que celle de certains pays de la zone euro sous la pression des marchés. Or les coupes budgétaires votées – environ 2500 milliards de dollars sur dix ans – sont bien inférieures au niveau de 4000 milliards fixé par certaines agences de notation. En plus, “il n’y aura pas de baisse de dépenses au cours des deux prochaines années, ce qui amène à se demander si elles se produiront vraiment”, a réagi Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland. De quoi inquiéter la Chine, de loin la plus grande créancière des Etats-Unis, avec son portefeuille de 1.160 milliards de dollars de bons du Trésor américains. Les Etats-ont échoué à désamorcer “la bombe de la dette”, ont commenté mercredi les autorités chinoises. Ce qui est certain, c’est que la question de la dette sera au coeur de la campagne présidentielle américaine l’an prochain.

Le triple A des Etats-Unis n’est plus intangible

Obama aimerait bien s’en passer sur son CV, mais il se pourrait qu’il devienne bientôt le président américain qui aura perdu le triple A des Etats-Unis. Même avec cet accord, sur le relèvement du plafond de la dette, il semble que la dégradation de la note de la première puissance mondiale soit inévitable. Moody’s a d’ailleurs placé mardi la dette publique américaine sous perspective négative. L’agence de notation financière estime que les mesures votées ne suffiront pas à améliorer l’état des finances publiques américaines. Elle émet en doute de sérieux doute sur le potentiel de croissance de la première puissance économique mondiale. Inchangée depuis 1917, la note “AAA” des Etats-Unis est presque aussi vieille que la notation elle-même, inventée par John Moody en 1909. Aujourd’hui, elle n’apparaît plus si intouchable.

Trends.be, avec Lexpansion.com

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