La Grèce émerge enfin

Les grecs s'étaient opposés en 2015, par référendum, au plan d'aide proposé par l'UE. © BELGAIMAGE

C’est ce lundi qu’a pris fin le troisième programme d’aide au pays. une page traumatisante se tourne, mais l’avenir reste lourd d’incertitudes.

Les Européens, et plus encore les Grecs, peuvent pousser, depuis lundi, un grand “ouf” de soulagement : après huit ans d’une crise si aiguë qu’elle a menacé d’entraîner dans son sillage toute la zone euro, la Grèce achève son troisième – et théoriquement dernier – programme d’aide, lancé en août 2015. C’est la conséquence d’un accord trouvé, en juin dernier, à l’Eurogroupe. Un accord qu’ Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, avait salué comme ” historique ” et qui était la conséquence de la mise en oeuvre, par le gouvernement grec, d’une multitude de réformes exigées par les créanciers du pays. En tournant cette page à un moment où la croissance est de retour, Athènes espère retrouver une forme de normalité. L’objectif est que le pays soit désormais capable d’emprunter sur les marchés.

Large excédent primaire

C’était l’un des buts de l’ultime négociation du mois de juin. D’un côté, la Grèce a obtenu une aide financière supplémentaire qui lui sera utile en cas de troubles sur les marchés. Athènes dispose d’un ” coussin de sécurité ” de 24 milliards d’euros qui peut lui permettre de vivre sans emprunter jusqu’à la fin 2020. Les créanciers sont également convenus de mesures de rééchelonnement d’une partie importante de la dette grecque – augmentant à 40 ans la maturité moyenne des prêts et décalant le délai pendant lequel ni intérêts, ni capital, ne devront être repayés.

Mais ces largesses européennes avaient une série de contreparties qui vont placer la Grèce dans une liberté sous très forte surveillance. Bien plus que Chypre, l’Irlande ou le Portugal après leurs programmes d’assistance respectifs, le pays va devoir montrer patte blanche. Sur le plan budgétaire, il est tenu de maintenir, jusqu’à 2022, un excédent primaire (donc hors service de la dette) de 3,5 % du PIB. Et jusqu’à 2060, il est censé afficher, en moyenne, 2,2 % de surplus primaire chaque année. Une contrainte majeure – le FMI semble la juger irréaliste – qui découle de l’endettement toujours massif du pays. A 180 % du PIB, la dette grecque reste, de loin, la plus élevée de la zone euro comparativement au PIB du pays.

Quant aux flexibilités qu’Athènes espérait, les pays les plus intransigeants, emmenés par l’Allemagne, s’y sont opposés. Pas question de lier les remboursements de dette à la croissance future : cela n’aurait pas incité les futures autorités grecques à viser activement la croissance économique. Les politiques que mènera le pays restent sous contrainte : engagement est pris de diminuer à nouveau les pensions de retraite en 2019 et de réduire, l’année suivante, le seuil à partir duquel est payé l’impôt sur le revenu. Les allégements de dette à court terme seront conditionnés à la mise en oeuvre de ces réformes. La Commission européenne maintiendra une surveillance financière jusqu’à ce que 75 % des prêts soient remboursés.

Tsipras positif

Alexis Tsipras se veut positif. ” Nous aurons toujours des objectifs budgétaires à remplir, concède-t-il. Mais ce sera à chaque gouvernement de décider comment remplir ses objectifs, et c’est un grand changement “, ajoute-t-il. Pas sûr que les électeurs lui sauront gré d’autant d’abnégation lors des élections législatives d’octobre 2019.

Les aides versées

1er programme (2010) : 73 milliards d’euros, dont 52,9 de prêts bilatéraux des Etats membres de l’Union européenne et 20,1 milliards du FMI (Fonds monétaire international).

2e programme (2012-2015) : 153,5 milliards d’euros, dont 141,8 milliards d’euros du FESF (Fonds européen de stabilité financière) et 11,7 milliards du FMI.

3e programme (2015-2018) : 61,9 milliards d’euros du MES (Mécanisme européen de stabilité). Pas de participations du FMI.

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