Comment l’e-commerce change le job de facteur

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D’ici une dizaine d’années, les professionnels de la logistique risquent d’être très occupés par l’acheminement de nos achats effectués en ligne. Deutsche Post DHL, un des leaders mondiaux du marché, a étudié en détails les prochaines innovations qui l’attendent. Une vision (en partie) futuriste d’un secteur déjà tout à l’assimilation des nouveaux défis imposés par l'”e-tailing”.

Amazon fête déjà ses 20 ans et l’e-commerce a le vent en poupe. Le nombre de colis de toutes tailles et de provenances de plus en plus variées ne cesse d’augmenter. “Avec une telle croissance, il n’est pas viable de poursuivre comme si de rien n’était avec les solutions logistiques actuelles. Il faut des approches et des solutions totalement neuves.” Le constat de Dirk Morschett, spécialiste de l’économie des transports et de la logistique, est sans équivoque : il faut repenser les coûts, énergétiques et environnementaux, les manières d’agir et les services. Une vaste étude de Deutsche Post DHL, un des leaders mondiaux du marché de la logistique, dessine les contours de la logistique au carrefour de la prochaine décennie. Voici ce que les facteurs de demain seront prêts à faire pour vous… 1. Suivre votre colis tout au long de son voyage La technologie RFID (identification par radiofréquence) permet au client final de suivre sa commande tout au long de la chaîne d’expédition, “que votre paquet se trouve dans les cales d’un paquebot sur l’océan Pacifique ou à 10 km de chez vous”, précise l’étude. Ceci permettra de faire valoir ses droits en cas de perte ou de retard sur le timing prévu, mais aussi d’activer d’autres options ; il vous sera possible, une fois la localisation effectuée, de modifier l’adresse de livraison finale. Exemple : si vous vous apercevez que le trajet du colis passe par votre bureau avant d’atteindre votre domicile, vous pourrez adapter son trajet initial et le rediriger vers un lieu de livraison plus adéquat. 2. Une boîte à colis en plus d’une boîte aux lettres Le phénomène se développe de plus en plus, notamment en Australie et aux Etats-Unis : les particuliers se dotent d’une parcel box, une boîte à colis personnelle, de taille bien plus grande que la vieille boîte aux lettres. A nouveau, une carte à puce permet au destinataire de réceptionner son colis, mais aussi de déposer ceux que le facteur devrait reprendre (retours aux expéditeurs, etc.). Les liens directs et humains entre la personne qui livre et le client se feront plus rares, concède l’étude de la Deutsche Post, mais avec en contrepartie une plus grande planification des trajets, et sans risquer que l’on sonne à votre porte lorsque vous n’êtes pas là. 3. Une concurrence accrue pour les livraisons “ultra express” Le secteur de l’e-commerce s’attaque frontalement à l’offline : si vous faites vos achats vous-même, l’approvisionnement est immédiat. L’objectif est donc de limiter au maximum les délais. Une lutte de plus en plus vive opposera les compagnies logistiques sur le terrain de l’express. Dans les grands centres urbains, elles sous-traitent le décisif dernier kilomètre de livraison à des acteurs spécialisés, qui s’engagent à faire parvenir la commande dans la foulée immédiate de son achat en ligne. Une plus-value concurrentielle et, surtout, des revenus garantis pour les prestataires. A Jakarta (Indonésie), cette tendance s’est matérialisée par l’apparition des “Ojeks”, motocyclistes passés maître dans l’art du zigzag entre les voitures. Si l’Europe reste en marge du phénomène (l’application du code de la route y est plus stricte…), les “moto boys” font fureur en Corée du Sud, à Shanghaï et à São Paulo. 4. S’approprier le potentiel de l’impression 3D A l’avenir, les grands noms de la logistique seront plus que probablement tentés de mettre un pied dans le secteur de la production proprement dite, grâce aux imprimantes 3D. Le scénario dressé par Deutsche Post est le suivant : une production la plus locale possible, au plus près des commandes, capable par conséquent de facturer au rabais les frais d’expédition. C’est à nouveau l’enjeu du dernier kilomètre qui se profile. 5. Anticiper les commandes grâce au “big data” Dans la lignée d’une concordance plus poussée entre la commande et la livraison, les logisticiens feront un usage de plus en plus pointu de nos abondantes données personnelles. Celles-ci permettent d’en savoir beaucoup sur nos achats récurrents, nos préférences… A charge pour le livreur de passer la commande avant qu’elle n’ait effectivement eu lieu et de la stocker préventivement au plus près de sa destination finale… Des options à la fois risquées (les prévisions sont parfois démenties) et dotées d’un haut potentiel de rationalisation des trajets et stocks. L’e-commerce donne un avantage décisif en termes de big data, et les logisticiens ne comptent pas les ignorer… 6. L’arrivée des “colicoptères” Assurément une des évolutions les plus surprenantes dans le secteur. Certains envisagent l’acquisition de petits drones destinés à assurer les livraisons les plus urgentes, comme des médicaments rares, ou à atteindre des zones moins accessibles, comme des îles. L’idée n’est pas que futuriste : Amazon a déjà présenté en 2013 son Prime Air Service, DHL son Parcelcopter. “On ne peut pas dire quand et où ces engins entreront en service, ni s’ils le feront régulièrement. Et on ne sait pas non plus s’ils seront adoptés par les retailers, mais ils nous donnent une idée de ce que pourrait être notre avenir”, analyse l’étude de Deutsche Post.

Olivier Standaert

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