Le gratuit, c’est fini!

D’ici le mois de septembre, une plateforme digitale facilitera l’accès à la majorité des sites d’informations belges sur le Net et sonnera surtout la fin du modèle gratuit.

L’union fait la force. Et quand une devise inspire tout un secteur en crise, cela débouche sur une initiative concrète et surtout salutaire qui pourrait redonner des couleurs aux entreprises de presse. Lancé il y a plus d’un an par une majorité de sites d’informations belges, le projet Media ID deviendra concret dans les tout prochains mois, comme cela a été confirmé récemment lors de l’événement MiX dédié à l’innovation stratégique dans l’univers des médias.

Pratiquement, plusieurs groupes de presse (IPM, Mediafin, Mediahuis, Rossel, Roularta, RTL, Sanoma, VRT, etc.) se sont entendus pour lancer “un outil personnel de connexion et de paiement offrant un accès sécurisé et facile aux sites d’informations”, dixit les concepteurs du projet. En clair : une plateforme digitale commune qui permettra aux internautes de s’inscrire une bonne fois pour toutes avec un seul mot de passe, mais qui leur permettra aussi de régler leur note globalement pour consulter, ici et là, des articles disponibles sur les différents sites de titres a priori concurrents.

Le “freemium” comme modèle Au-delà de l’aspect éminemment pratique de la formule, c’est surtout la fin d’un modèle économique qui est annoncé ici : celui du “tout gratuit” qui a longtemps présidé aux destinées des sites d’informations sur le Net et qui a précipité, l’air de rien, les éditeurs de presse écrite dans une inexorable descente aux enfers. Confrontés à l’érosion persistante des ventes au numéro des médias papier et à une chute sans précédent de leurs revenus publicitaires, plusieurs titres belges ont décidé de se ressaisir pour adopter un nouveau modèle économique de plus en plus en vogue dans les sphères médiatiques : le modèle “freemium” qui associe une offre gratuite (quelques articles en libre accès) et une offre “premium” en accès payant (tous les articles disponibles, mais aussi des services et des avantages exclusivement réservés aux abonnés).

En profonde mutation, les groupes de presse semblent donc avoir trouvé enfin la meilleure solution au douloureux casse-tête de la monétisation sur le numérique : un projet solidaire dans le secteur — mais aussi fédérateur en termes communautaires puisque adopté de chaque côté de la frontière linguistique — et qui pourrait enfin redorer le blason des entreprises de presse avec un contenu revalorisé, alors qu’il était jusqu’ici bradé sur l’autel de la gratuité.

FRÉDÉRIC BRÉBANT

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