Les secrets des laptops professionnels

Plus chers que leurs équivalents grand public, les ordinateurs portables professionnels au look souvent peu aguicheur remportent pourtant les faveurs des gestionnaires de parc informatique. Vrai choix stratégique ou vieille habitude de consommation ?

Il suffit de prendre le Thalys ou l’Eurostar pour s’en rendre compte. Question mobilité numérique, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Entre le grand public et les grands comptes, les habitudes d’achat sont radicalement différentes… pour un usage qui ne l’est pas tant. Outre quelques applications d’ingénierie spécifiques, Word ou Excel tournent aujourd’hui aussi bien sur un ordinateur Sony Vaio professionnel que sur un Ultrabook à moins de 1.000 euros et les utilisateurs professionnels nomades de pester contre les goûts douteux du responsable informatique de leur entreprise.

Savoir ce que l’on achète

Techniquement, on ne peut pas leur donner tort. Les machines professionnelles ont systématiquement un train de retard. On ne trouve jamais les toutes dernières innova-tions sur un PC d’entreprise. Paradoxalement, c’est la volonté de s’inscrire dans la durée qui freine par exemple l’adoption des processeurs dernier cri sur les ordinateurs professionnels.

En entreprise, on doit pouvoir assurer une certaine homogénéité du parc informatique. Du coup, il n’est pas rare de recevoir un PC flambant neuf, avec un processeur vieux de deux à trois ans. Mais le choix d’un ordinateur ne se limite pas à une liste de spécifications techniques. Les ordinateurs portables professionnels sont souvent conçus pour résister aux utilisateurs les moins soigneux. C’est le cas par exemple des ultraportables de la gamme Acer Travelmate, dont le clavier dispose d’un chemin d’évacuation des liquides, pratique quand vous renversez votre café dessus.

De même, l’emploi de charnières plus solides permet aux modèles Thinkpad de la marque Lenovo de résister plus durablement aux chutes. D’ailleurs, en rachetant la division informatique d’IBM en 2005, le constructeur Lenovo ne s’y est pas trompé et a conservé la gamme Thinkpad dont le châssis est resté pratiquement inchangé depuis 10 ans. La réputation de robustesse de cette gamme n’est d’ailleurs plus à démontrer. Plusieurs laptops Thinkpad équipent aujourd’hui la Station spatiale internationale, par exemple.

La sécurité avant tout

Si les composants intégrés dans les appareils professionnels semblent familiers, leur sélection n’est certainement pas le fruit du hasard. On trouve souvent dans ces ordinateurs une déclinaison Vpro des fameux processeurs Intel. Contrairement aux modèles grand public, ils disposent d’instructions supplémentaires pour crypter le contenu des disques dur sans perte de performance. Ces appareils peuvent également être désactivés à distance, s’ils sont déclarés volés ou perdus ! Voilà qui est rassurant pour un usage nomade.

Panasonic est sans doute le constructeur qui pousse le plus loin le souci du professionnalisme dans l’informatique mobile. Plus connu pour ses téléviseurs plasma que pour sa gamme d’appareils informatiques, Panasonic n’en est pas moins l’un des plus grands noms de l’IT au Japon. Le fait est que le constructeur s’est taillé une solide réputation grâce à sa gamme d’ordinateurs durcis Toughbook, conçus pour résister aux outrages des conditions d’utilisation extrêmes.

Chez nous, les ordinateurs du groupe se vendent particulièrement bien également. “Dans le Benelux, Panasonic réalise 15 millions de chiffre d’affaire sur sa gamme Toughbook”, déclare Steven Vindevogel, country manager pour le Benelux. En Belgique, Panasonic se concentre sur le B2B. Contrairement au Japon, une distribution en retail des ordinateurs de la marque n’est pas envisagée pour l’instant car l’image de la marque n’est pas très IT.”

Certains modèles – comme le CF-19 – sont d’une robustesse à toute épreuve, à tel point que la marque équipe une bonne partie des états-majors occidentaux. En France par exemple, ils sont utilisés pour le contrôle des drones sur le terrain.

“Pour le civil, nous travaillons avec un réseau d’intégrateurs et de partenaires”, poursuit Steven Vindevogel, de sorte que ces machines (qui résistent à des chutes de 1,8 m) restent accessibles aux grands comptes comme aux indépendants amenés à intervenir dans des environnements difficiles. “Les conditions d’utilisations les plus rudes restent pour nous les applications automobiles embarquées, poursuit Steven Vindevogel. Quand un PC tourne toute la journée dans une voiture Touring par exemple, les chocs sont nombreux, les écarts de températures peuvent être importants également.” De fait, le CF-19 est conçu pour fonctionner jusqu’à -29 °C.

Pour l’avenir, la marque s’intéresse également aux tablettes. “En mai, nous commercialiserons une tablette durcie sous Android, la FZ-A1, afin de répondre aux demandes toujours plus présentes de mobilité dans le monde professionnel.” A noter que cette tablette sera plus chère que les autres acteurs du marché, mais pas tant que cela puisque la version Wi-Fi devrait se négocier autour de 850 euros hors taxes.

Le pro, un monde à part

Outre une orientation différente dès la conception des appareils, il faut aussi compter avec une certaine notion de service associée à l’informatique professionnelle. Alors qu’il faut souvent faire la queue au magasin pour faire réparer l’ordinateur familial, les modèles professionnels bénéficient d’un service d’enlèvement sur site, d’une assistance à J+1 voire H+4 pour le matériel le plus sensible, une option rarement proposée au grand public.

Voilà qui donne une tout autre perspective des choix des responsables informatiques en entreprise.

Benoît Dupont

Le cas Apple

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Apple ne dispose pas d’une part de marché significative sur le marché professionnel… pour l’instant ! Mais la marque à la pomme représentait tout de même 3,5 % de part de marché mondiale en 2011 avec des ventes en hausse de 30 % par rapport à 2010. On s’attend cette année à une augmentation de 50 %. Si les machines ne sont pas particulièrement conçues pour un usage professionnel intense, la réputation de stabilité du système d’exploitation MAC OS fait clairement la différence auprès d’utilisateurs qui se font de plus en plus les avocats de la marque auprès de leur entreprise.

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