Grèce: reprendre les expulsions pour sauver les banques?

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Le ministre grec des finances défend la reprise des ventes aux enchères de maisons hypothéquées, mettant en garde contre un “écroulement des banques”, étranglées par leurs créances douteuses.

Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras a défendu dimanche la nécessité de mettre fin à une mesure protégeant les petits propriétaires ayant bénéficié des prêts immobiliers, mettant en garde contre “un écroulement des banques” si elle était maintenue.

Adoptée pour des raisons sociales en 2010, lors du début de la crise de la dette, cette mesure prévoit la suspension de la vente aux enchères de certaines catégories d’habitations faisant l’objet d’hypothèques sur des prêts immobiliers accordés par les banques. Elle doit être levée d’ici la fin 2013. Le ministère est en train d’élaborer une loi pour lever cette disposition sous certaines conditions, ce qui provoque une polémique au sein même du gouvernement, certains députés réclamant son prolongement.

59,6 milliards de créances douteuses

“On ne peut pas se permettre de rien faire, sinon les banques vont s’écrouler”, a affirmé M. Stournaras à Realnews, cité par l’agence de presse grecque (Ana, semi-officielle). Le ministre assure toutefois que “des critères sociaux et financiers seront pris en compte avant l’autorisation de la vente aux enchères des habitations afin de protéger ceux qui ont vraiment besoin de soutien mais non pas ceux qui en profitent pour ne pas rembourser leurs dettes”.

La fin de la suspension des ventes aux enchères, qui profite aux propriétaires d’un seul bien immobilier servant de résidence principale, est nécessaire selon le ministère pour parer aux pertes importantes des banques provenant de prêts non remboursés en raison de la crise. Selon le quotidien libéral grec Kathimérini de dimanche, les créances douteuses des banques s’élèvent à 59,6 milliards d’euros dont 30 milliards proviennent de prêts aux entreprises, 16,8 milliards de crédits immobilier et le reste de prêts à la consommation.

Toujours selon ce journal, le nombre de ventes aux enchères entre 2009 et 2012 a chuté de 50%, alors que la fin de la suspension devrait permettre la vente de 110.000 habitations.

Bradage ou sauvetage de l’immobilier?

Outre l’opposition de gauche, même certains députés de la coalition gouvernementale droite-socialistes, s’opposent à la levée de la mesure qui est contre “le petit propriétaire”, selon eux, et entraîne le “bradage” de l’immobilier “à des fonds étrangers”.

Mais le ministère rétorque que sans la levée de la mesure, le secteur de l’immobilier, qui était avant la crise un moteur important de l’économie du pays, va définitivement dégringoler, vu la chute des prix déjà enregistrée d’environ 30% depuis 2010. “La question est très importante et il faut évaluer tous les facteurs économiques et sociaux”, a indiqué un communiqué ministériel dimanche en réponse aux nombreux articles de la presse grecque sur le sujet.

“Il n’y a pas de solution facile (…) il faut faire en sorte de ne pas porter un coup à ceux qui ne peuvent pas répondre à leurs obligations en raison de la conjoncture économique mais en même temps il ne faut pas affecter le crédit immobilier car cela aurait des répercussions sociales et économiques négatives”, a indiqué ce communiqué.

Le taux de propriété en Grèce est l’un de plus élevés en Europe. Plus de 70% des Grecs possédent leur habitation.

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