Yves-Alexandre de Montjoye : ” On vise une utilisation raisonnée des métadonnées “

Yves-Alexandre de Montjoye © MIT News, Bryce Vickmark

A 31 ans à peine, le Liégeois Yves-Alexandre de Montjoye est déjà riche de nombreux sésames universitaires. En six ans, il a ainsi obtenu un master en Mathématiques Appliquées de l’UCL, un master en Ingénierie Mathématique de la KULeuven ainsi qu’un diplôme de Centralien à Paris. Après avoir rédigé sa thèse au renommé Santa Fe Institute, il endosse désormais le costume de chercheur au MIT Media Lab.

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” A l’époque, mes recherches portaient sur les données de téléphonie mobile et me passionnaient à un point tel que j’ai décidé d’effectuer un doctorat auprès du MIT. Depuis lors, j’y travaille comme chercheur et je défendrai sous peu ma thèse. “

” Le projet que j’ai soumis au MIT Award est baptisé ‘Engineering systems for the privacy-conscientious use of metadata’. Au niveau de la recherche, je suis relativement bipolaire: je suis convaincu de la valeur ajoutée de l’utilisation des métadonnées, en plus particulièrement des données de téléphonie mobile dans les pays en développement. En analysant ces données, les pays et les ONG peuvent faire différents constats, comme par exemple la propagation de la malaria. De même, les métadonnées de la téléphonie mobile ont été utilisées intensivement dans la lutte contre Ebola. Elles peuvent même être utiles dans l’approche de la pénurie alimentaire. Ce type de recherche représente 50% de mon travail. “

” L’autre moitié de mon temps, je le consacre à l’étude des limitations à l’utilisation de métadonnées dans le cadre du respect de la vie privée. Le coeur de ma recherche porte sur ce que l’on appelle en jargon la ‘ré-identification’. Même si les données sont ‘anonymes’, il n’y a pas de garantie en termes de respect de la vie privée. Dans le cadre d’une étude sur les données de cartes de crédit de 1,1 million de personnes, nous avons prouvé que quatre transactions temporelles et spatiales étaient suffisantes pour identifier 90% des consommateurs! Les stratégies actuelles de protection de la vie privée (par ajout de ‘bruit’ ou en rendant les données plus ‘brutes’) sont dépassées, car même des données brutes permettent d’identifier des individus. Nous pouvons même déduire la personnalité ou le sexe au départ des données. Plus les données sont riches, plus nous devons réfléchir à la manière de protéger la vie privée des personnes. “

” Ce que nous proposons, c’est d’inverser le raisonnement: au lieu d’essayer d’anonymiser les données, ce qui est très difficile, nous proposons une approche que nous qualifions de ‘Safe Answers’. En d’autres termes, les utilisateurs d’appareils électroniques comme des smartphones doivent devenir davantage propriétaires de leurs données au lieu de les donner librement, comme actuellement. “

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