Vélo-boulot-dodo: le secret du bonheur?

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Beau temps oblige, le printemps entraîne toujours une hausse de la pratique du deux-roues, notamment pour se rendre au travail. Une nouvelle loi facilite cet usage, sur lequel surfent de nouveaux acteurs. Parmi eux : la PME bruxelloise Ctec, spécialisée dans la location de longue durée à destination des entreprises.

Lancée début 2018, la mesure avait fait grand bruit. ” Cash for car ” allait permettre d’endiguer – un peu – l’addiction du Belge à sa voiture de société en lui permettant de l’échanger contre une allocation de mobilité. Mais ” Cash for car ” a fait pschitt : après un an, à peine 0,065 % du public visé en avait fait usage.

Sans disparaître pour autant, cette mesure va cohabiter avec le budget mobilité, entré en vigueur ce 1er mars, qui devrait, a priori, connaître davantage de succès. Pour rappel, ce nouveau régime offre aux travailleurs qui disposent d’une voiture de société la possibilité de l’échanger contre un modèle moins polluant (aux émissions inférieures à 95 g de CO2 au km) et de consacrer le budget ainsi libéré à des solutions de mobilité durables : bicyclette, trottinette, transport en commun, voiture partagée, etc.

Comme pour faire écho à cette actualité, des articles chantent très régulièrement les louanges du ” vélotaf “, éloquente contraction de ” vélo ” et de ” taf ” pour travail. Se rendre au boulot à vélo diminuerait en effet le stress des travailleurs, ferait chuter l’absentéisme et, bien entendu, serait excellent pour la santé… Pour ces ” vélotafeurs ” et ceux qui veulent le devenir, de nombreuses formules existent. Dont la location de vélo à long terme. C’est l’activité principale de l’entreprise Ctec. ” Nous accueillons avec enthousiasme la nouvelle mesure du budget mobilité et avons déjà signé quelques nouveaux contrats depuis qu’elle est entrée en vigueur “, s’enthousiasme Michel Lagasse, fondateur et managing director de Ctec.

Cette société travaille majoritairement en B to B et opère sous diverses formules. D’abord en tant que partenaire d’entreprises de leasing classique comme Athlon, Belfius Lease ou Europcar, qui sont attentives à la place que peut prendre le vélo dans une mobility policy. Nous leur offrons la possibilité de proposer à leurs clients des formules de location à long terme pour tout ce qui concerne le vélo et la trottinette, le tout en version électrique ou classique, poursuit Michel Lagasse. Mais outre ces partenariats, nous travaillons aussi en direct avec des entreprises de diverses tailles (Solvay, GSK, ING, etc.). Enfin, avec BNP Paribas Real Estate, nous avons développé un autre concept : nous avons placé 100 vélos sur un de leurs sites pour que les employés puissent les utiliser librement pour aller à leurs rendez-vous en laissant leur voiture au garage. ”

Michel Lagasse,
Michel Lagasse, “managing partner” de Ctec “En un peu plus de deux ans, le volume de locations de longue durée a doublé.”© pg

Comment ça roule ?

Concrètement, l’employeur qui a choisi Ctec pour gérer sa flotte de vélos détermine un certain package, un ” budget vélo “, qu’il propose à son employé. Ce dernier se rend ensuite dans un des 300 magasins de vélos partenaires, des ” Ctec Points “, et choisit, en fonction de son enveloppe, le deux-roues qui lui convient : vélo électrique, ” pédélec ” classique ou speed (allant jusqu’à 45 km/h et nécessitant une immatriculation), trottinette, ou encore un bakfiets (deux-roues muni d’une petite benne). L’usage du véhicule est assorti de divers avantages déterminés par le package, comme la maintenance, l’assurance contre le vol et les dégâts matériels, ou encore l’assistance en cas de panne.

” A l’issue de la période de location (en moyenne 36 mois), la majorité des utilisateurs sont devenus accros à leur vélo et le rachètent, constate Michel Lagasse. D’un point de vue économique, on peut considérer cette formule comme un win-win. La location d’un vélo n’est pas assortie d’un avantage de toute nature. Donc l’ONSS et le fisc ne ponctionnent rien durant la durée de la location. Il y a juste un prélèvement à la fin de la durée de location, quand le client décide de racheter son vélo. Mais au final, pour l’employé, c’est 40 % plus intéressant que d’acheter un vélo neuf. Pour l’employeur, le concept se révèle aussi très intéressant : si son employé choisit cette formule de leasing, il voit ses charges patronales diminuer, mais aussi les jours d’absence de ses employés ! ” Du moins s’il en croit les études en la matière…

Pourtant, Ctec se heurte parfois à la frilosité de certains services de ressources humaines. ” Ils ont peur de voir leur charge de travail augmenter à cause du traitement des dossiers, explique Michel Lagasse. Mais justement, notre but est que l’employeur puisse tout outsourcer. Nous proposons une application qui nous permet de communiquer facilement avec le client final. C’est une de nos promesses : prendre directement l’employé en charge. ”

Royaume du “pédélec”

Quels sont les vélos qui remportent les suffrages ? Dans les formules sur 36 mois proposées par Ctec, 85 à 90 % des clients choisissent un ” pédélec ” classique – comprenez un vélo dont l’assistance électrique monte à 25 km/h, et seulement 5 % jettent leur dévolu sur un speed. Il faut dire que les compagnies d’assurances sont un peu plus strictes en ce qui concerne ce type de vélos…

Le carnet de commandes de Ctec est de toute façon plutôt enthousiasmant. ” C’est clair, nous sommes portés par la vague de l’attrait du deux-roues. En un peu plus de deux ans, le volume de locations de longue durée a doublé. Nous avons actuellement 3.500 vélos en flotte, contre 1.700 quand nous avons démarré “, se réjouit l’entrepreneur, qui semble vouloir continuer à surfer sur cette vague. L’entreprise est passée de trois à 10 employés et travaille, dit-elle, à d’autres projets dans le secteur…

L’alternative Swapfiets

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Look rétro et roue avant cerclée de bleu électrique, voilà quelques mois que Swapfiets foule le pavé des rues de Bruxelles, après ceux d’Anvers, Gand et Louvain. La société néerlandaise, lancée il y a trois ans par trois étudiants de l’université de Delft, est déjà présente dans quatre pays (Pays-Bas, Allemagne, Danemark et Belgique) et plus de 40 villes, à travers pas moins de 96.000 bicyclettes. Son business est le suivant : contre un abonnement de 17,50 euros par mois (15 euros pour les étudiants), Swapfiets propose un deux-roues que l’usager peut, contrairement aux offres classiques de free-floating, garder chez lui. Il bénéficie en outre de plusieurs services : Swapfiets l’assure contre le vol et se charge de l’entretien, du service technique et du remplacement du vélo directement dans les 12 heures, à son domicile. ” Si quelque chose ne va pas – un pneu crevé ou une lumière cassée, par exemple – l’abonné nous appelle ou nous envoie un courriel, explique la responsable de Swapfiets en Belgique. Nous nous déplaçons pour réparer son véhicule où et quand il le souhaite “. La formule a déjà séduit 3.632 abonnés en Belgique, en grande majorité en Flandre. ” A Bruxelles, nous comptons 245 vélos en circulation depuis notre lancement en décembre “, poursuit la responsable. Un chiffre encore modeste. Il faut dire que le Swapfiets ne possède pas ce petit quelque chose qui permet d’affronter plus sereinement la toponymie capricieuse de la capitale. On veut parler d’une batterie…

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