Le coût du vieillissement augmentera de 2 milliards sur la législature

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Le Comité d’étude sur le vieillissement a présenté son rapport annuel ce jeudi. Il prévoit une hausse des dépenses sociales liées au vieillissement de 0,5% du PIB d’ici 2019, soit pas loin du double ce qui était escompté jusqu’à présent.

En 2019, les dépenses sociales représenteront 26,9% du PIB de la Belgique (soit plus de 100 milliards d’euros), contre 26,4% actuellement, a calculé le Comité d’étude sur le vieillissement. Cela signifie que dans les prochaines années, tout en continuant l’assainissement des finances publiques, il faudra dégager quelque deux milliards d’euros de plus pour financer les dépenses liées au vieillissement. Ou, alors, se résoudre à couper dans ces dépenses…

La progression des coûts liés au vieillissement était largement attendue. Mais dans une moindre ampleur. L’an dernier, le même Comité d’étude tablait encore sur une hausse de 0,3 et non 0,5% du PIB d’ici 2019. La différence provient d’un recalcul des dépenses de santé de longue durée, en raison de la part croissante des personnes de plus de 85 ans.

Les effets du vieillissement se répercutent directement dans les dépenses de pensions et de santé, qui passeront en cinq ans de 20,5 à 21,7% du PIB. Cette forte hausse est toutefois partiellement compensée par une diminution des dépenses de chômage, grâce à l’embellie sur le marché de l’emploi, ainsi qu’aux réformes du chômage et des prépensions.

Explosion des dépenses sociales d’ici 2060 A plus long terme, le coût budgétaire du vieillissement de la population s’intensifiera encore. Il devrait atteindre un pic à 32,2% du PIB en 2040, avant de baisser légèrement pour revenir à 30,6% du PIB à l’horizon 2060. Par rapport à aujourd’hui, les dépenses sociales pèseront donc 4,6% points de PIB en plus qu’aujourd’hui. C’est un peu moins que les estimations antérieures. Cela s’explique notamment par la fréquence grandissante des carrières mixtes, qui réduit mécaniquement la part des pensions du secteur public (les plus élevées).

La plus forte progression vient logiquement des pensions elles-mêmes. Elles représentent aujourd’hui 10,6% du PIB (40 milliards) et l’on passera à 14,7% du PIB en 2060. Le budget des soins de santé passera, lui, de 8,2 à 10,3% du PIB. Dans le même temps, heureusement, les dépenses de chômage et d’allocations familiales progresseront moins vite que le PIB.

Une part de l’effort pour les Régions Le Comité d’étude sur le vieillissement a aussi envisagé la répartition de ce coût budgétaire entre les différentes entités du pays. Aujourd’hui, le Fédéral assume 93% des dépenses sociales. La réforme de l’État a maintenant transféré aux Régions certains soins aux personnes âgées, les allocations familiales ainsi qu’une partie des allocations pour personnes handicapées. Conséquence: la part des entités fédérées dans les dépenses de santé passera de 7 à 16% dès l’an prochain. La répartition entre le Fédéral et les Régions devrait ensuite rester stable et, à terme, l’impact budgétaire du vieillissement sera de 25,8 du PIB pour le Fédéral et de 4,8% du PIB pour les Régions.

Cette projection ne vaut, bien entendu, que pour autant que le cadre institutionnel ne soit pas trop modifié d’ici 2060…

Christophe De Caevel

Si la productivité repart… Les perspectives du Comité d’étude sur le vieillissement ont été élaborées sur base d’une croissance moyenne annuelle de la productivité de 1,5%, soit un niveau supérieur à celui constaté ces dernières années.

Deux scénarios alternatifs ont aussi été envisagés : une croissance de la productivité du travail de 1,75% limiterait la hausse du coût budgétaire du vieillissement à 3% du PIB en 2060, au lieu de 4,2% dans le scénario de base. A l’inverse, une croissance de la productivité de seulement 1,25% porterait la hausse du coût budgétaire à 5,7% du PIB, soit un niveau dont la soutenabilité n’est pas acquise… Or, souligne le Comité d’étude, “dans le contexte actuel, le scénario d’une faible croissance de la productivité est le plus probable”.

De fait, si dans les années 80, les gains de productivité des entreprises dépassaient allègrement les 2% par an, depuis l’an 2000, ils ne sont plus que de 0,7% et les dernières perspectives du Bureau du plan tablent sur un timide 1% pour les cinq prochaines années. Avec cela, on est encore bien en-dessous du scénario le plus pessimiste retenu par le Comité d’étude sur le vieillissement.

Cela renforce la nécessité pour le prochain gouvernement de prendre rapidement des mesures énergiques pour garantir la soutenabilité de notre système de pensions et encourager l’innovation dans les entreprises.

C.D.C.

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