BNP: la Belgique a-t-elle les mains libres?

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Revendre la participation de l’Etat dans la banque française, oui, mais… une clause confidentielle réduit la marge de manoeuvre de la Belgique, selon nos informations.

A l’heure où le groupe BNP Paribas annonce avoir subi une perte nette de 4,3 milliards d’euros au deuxième trimestre, sa première depuis la fin 2008, se repose la question d’une revente de la participation de l’Etat belge. Mais aussi et surtout parce que la banque s’est vue infliger une lourde amende de 9 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) par la justice américaine pour avoir violé l’embargo imposé par les Etats-Unis à l’encontre de Cuba, de l’Iran et du Soudan.

Venu suite à cela s’expliquer en commission des Finances de la Chambre, et du coup aussi au sujet d’une possible revente des parts de l’Etat belge, le ministre des Finances Koen Geens (CD&V) a martelé que “BNP restait un bon investissement durable pour l’Etat belge, tant à la lumière du dividende auquel on pouvait s’attendre pour les prochaines années, qu’à la lumière de la valeur potentielle de l’action”, tout en précisant également que, selon lui, “l’Etat n’avait pas vocation à être banquier”. En clair, une possible revente des actions BNP n’est pas pour demain. Au mieux, c’est du ressort du prochain gouvernement.

Droit de veto Le dossier, il est vrai, est complexe. D’autant plus complexe que l’Etat belge ne serait pas totalement libre de ses mouvements au cas où ce scénario de revente venait à se concrétiser. Selon nos informations, BNP se serait octroyé une sorte de droit de veto sur les actionnaires qui succéderaient à l’Etat belge dans son capital. Objectif pour BNP ? Ne pas se retrouver avec un actionnaire indésirable à ses yeux. “C’est bien simple, nous confie cet observateur privilégié, sous le sceau de l’anonymat, les Français n’ont jamais voulu de l’Etat belge comme actionnaire. Raison pour laquelle ils se sont ménagés un droit de préemption sur la direction que pourraient prendre les parts de l’Etat belge le jour où ce dernier déciderait de s’en séparer. Histoire de pouvoir placer ce bloc d’actions dans des mains amies.” Et donc ainsi “éviter de se retrouver avec un oligarque russe comme premier actionnaire”, glisse cette autre source.

Pas question donc pour l’Etat belge de venir avec n’importe qui pour reprendre ses parts. Bien sûr, ceci n’a rien d’exceptionnel. Il est assez logique pour un actionnaire de référence de devoir parler d’une sortie du capital avec le groupe concerné. En coulisses, on semble en effet ne pas s’offusquer de pareille clause, malgré sa confidentialité. Le seul problème, c’est que si l’Etat doit vendre en vitesse pour boucler un trou budgétaire, comme c’est généralement le cas, cela risque de rendre plus compliqué encore le placement de ce gros bloc de plus de 10 %.

Sébastien Buron

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