Nous avons testé la voiture partagée flottante

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Prendre une voiture ici, la laisser là, à destination ? C’est la formule d’autos partagées lancée depuis un an par DriveNow et Zipcar. Elle décolle doucement, faute d’être encore bien comprise. Les trajets moyens reviennent à moins de 10 euros. Nous en avons fait l’essai.

Ouvrir une voiture avec un smartphone ? C’est possible à Bruxelles, avec les services de voitures partagées DriveNow et Zipcar. Lancées durant l’été 2016, les flottes de ces opérateurs concurrents proposent, à elles deux, plus de 500 voitures accessibles selon une nouvelle approche dite du stationnement libre (free floating), très répandue en Allemagne ou à Milan. L’utilisateur prend une voiture dans la rue, qu’il repère et ouvre avec son smartphone, roule, et laisse le véhicule une fois arrivé à destination.

” Les Bruxellois ne sont pas encore très familiers avec le free floating “, regrette Kate Croisier, market manager de Zipcar Belgium. Le décollage du service est lent. Même écho de DriveNow, qui annonce tout de même 15.000 utilisateurs inscrits et 900.000 km au compteur, soit 400 trajets par jour depuis le lancement en juillet 2016. C’est bien, mais ça ne fait qu’un peu plus d’un voyage par jour et par voiture pour un parc de plus de 300 autos. Il faudrait bien faire deux à quatre trajets par jour pour que le dispositif soit profitable. Actif dans 11 villes, DriveNow a annoncé qu’il était globalement rentable en 2016. Les deux services sont liés au secteur automobile : Zipcar appartient à Avis Budget et est le numéro un mondial de la voiture partagée, tandis que DriveNow est une joint-venture entre BMW et le loueur Sixt.

Confusion avec Cambio

DriveNow
DriveNow© pg

Ce démarrage en douceur s’explique aussi par la confusion des formules. La voiture partagée existe à Bruxelles depuis 2002, avec Cambio (lire l’encadré” Voiture partagée ou voiture louée ? ” plus bas). Avec cette formule, on doit remettre la voiture dans des stations – des places de parking dédiées situées un peu partout dans la ville. La formule à stationnement libre de Zipcar ou de DriveNow offre plus de flexibilité. Elle convient aux trajets courts de moins d’une heure. ” A Milan, nous avons lancé le service après Bruxelles, en octobre 2016, et nous y avons engrangé 50.000 utilisateurs après seulement six mois d’utilisation, note Christian Lambert, directeur général de DriveNow en Belgique, car le principe est déjà bien connu dans cette ville. Il y avait déjà trois opérateurs en ‘free floating’. Ici, on doit encore évangéliser. “ A Bruxelles, un troisième opérateur devrait arriver, Car2Go (Daimler), mais il a retardé sa venue.

Essayer cette nouvelle approche est pourtant très bon marché, pour ne pas dire gratuite. Contrairement à d’autres formules de voitures partagées, il n’y a pas d’abonnement et les nouveaux utilisateurs ont un paquet de minutes gratuites. Ainsi pour le prix d’une ou deux pizzas, nous avons pu tester ces services durant six trajets depuis et vers la rédaction de Trends-Tendances, située à la frontière d’Evere (près du siège de l’OTAN) jusqu’au Cinquantenaire, la place Flagey et la petite ceinture (rue Montoyer).

Le smartphone trouve et ouvre la voiture

1. Inscription. Il faut attendre un ou deux jours après l’inscription sur l’application du smartphone ou sur le site avant d’être validé et de pouvoir se lancer. Zipcar ne fait pas payer d’inscription (pour le moment), tandis que DriveNow facture 29 euros.

2. Réservation. Les autos ne sont (hélas) pas disponibles partout dans la capitale. Les opérateurs se sont surtout limités actuellement à l’est et au sud, du côté de Schaerbeek, Evere, Saint-Josse, Etterbeek, Ixelles, Saint-Gilles, Woluwe-St-Lambert, une partie d’Uccle, Watermael-Boitsfort, Bruxelles-Ville, et la zone de Tour et Taxis. DriveNow couvre 60 km2 et Zipcar, 47,2 km2. S’ajoute à cela l’aéroport de Zaventem. Pourquoi ces zones sont-elles encore tellement limitées ? ” Cela dépend de l’importance de la flotte, il faut environ cinq voitures par kilomètre carré pour que le client ne doive pas trop marcher “, explique Kate Croisier, de Zipcar. Avec une flotte de 250 voitures, le calcul est vite fait : ça fait 50 km2. Pour couvrir les 160 km2 de la Région de Bruxelles-Capitale, il faudrait donc 800 voitures. Cela viendra sans doute un jour. A Berlin, DriveNow couvre 160 km2 et est aussi nettement plus étendu à Milan ou à Munich. A Bruxelles, cet opérateur dispose de 330 autos.

La réservation peut passer par un ordinateur, mais elle est plus pratique par un smartphone. Grâce à la localisation par GPS, l’appli va afficher les véhicules les plus proches sur une carte, ainsi que le niveau de l’autonomie (carburant). L’auto sera bloquée pendant 15 minutes, pour laisser le temps d’arriver. L’application montre le chemin le plus court. Les voitures sont réparties pour qu’il y ait une auto dans un rayon de maximum 500 mètres partout dans la zone couverte. Il n’est pas interdit de sortir de la zone, mais la fin de la location n’est signifiée que si le véhicule est garé dans le périmètre. Si une voiture ne bouge pas assez, les opérateurs la déplacent vers une zone plus fréquentée (comme le quartier de l’ULB ou près des gares, par exemple).

3. Avant la mise en route. Première chose à faire : le tour de la voiture pour repérer les petits dégâts éventuels et les signaler via l’application ou par téléphone. Celle de DriveNow montre la liste des petits dégâts précédemment constatés, ce qui simplifie les choses. Après un an de service et environ 3.000 km d’usage relevés sur les autos utilisées, les griffes ne sont pas rares, puis le vandalisme n’est, hélas, pas exclu. Les opérateurs ne sont pas trop regardants sur ces griffes, qu’ils ne réparent pas toujours. Ils le sont davantage pour des dégâts plus importants, où le passage en carrosserie s’impose. Il y a tout de même une franchise à payer pour les dégâts en tort (950 euros pour DriveNow, 750 euros pour Zipcar), avec possibilité de la réduire moyennant un supplément (1 euro par trajet pour DriveNow pour baisser la franchise à 500 euros). L’opération est un peu stressante au début, mais on s’y fait. Un conseil : photographier la voiture à l’arrivée avec son smartphone.

Cliquez sur le mode “plein écran” ci-dessous pour découvrir comment fonctionne une voiture partagée.

4. Ouverture du véhicule. C’est le moment magique où l’on peut ouvrir la voiture avec l’application. Mais ça marche aussi bien en appliquant la carte d’utilisateur sur le pare-brise, en face du terminal avec des LED indiquant si le véhicule est libre, bloqué (réservé) ou ouvert. Les voitures essayées étaient en bon état, plutôt propres. Sur le premier trajet avec DriveNow, le système à bord a même demandé de coter l’état du véhicule. L’appli Zipcar permet aussi de signaler si le véhicule est sale.

5. Les véhicules. Zipcar propose un seul modèle : la Peugeot 208 Allure à essence, bien équipée, avec un GPS. Bonne surprise : un support pour smartphone à gauche du tableau de bord. Avec un câble qui peut se brancher sur un iPhone ou sur un téléphone acceptant une micro-USB. Nouvelle bonne surprise : il est possible d’activer Apple CarPlay (et Google Auto sans doute), donc d’utiliser quelques applis du téléphone dans le système d’infotainment de la voiture (la musique, les podcasts, et le GPS ¬ mais uniquement celui d’Apple pour l’iPhone, et sans doute Google Maps pour Android). L’opération est rapide. C’est important, car la facturation à la minute (25 cents) débute dès l’ouverture du véhicule. Nous avons ainsi pu écouter la musique provenant du téléphone, répercutée dans les haut-parleurs de la voiture, tout en utilisant Waze, une application GPS qui évite les embouteillages, ce qui n’est pas souvent le cas avec un GPS intégré à la voiture. Zipcar pourrait ajouter des véhicules offrant une meilleure capacité de transport. Pour aller acheter des meubles en kit, par exemple.

DriveNow offre un plus grand choix : BMW Série 1, Série 2 Active Tourer, plus vaste, et des Mini, toutes équipées d’un moteur essence de 136 ch, en majorité automatiques. Et même quelques BMW i3 (électriques). Il s’agit donc d’un service premium, avec un prix plus élevé (33 cents par minute au lieu de 25 pour Zipcar). DriveNow demande un code pin, choisi à l’inscription. Nous l’avions oublié, mais le call center, très efficace, l’a fourni après quelques questions de sécurité. Ici, la facturation débute après avoir inscrit ce mot de passe. Les véhicules ne comportent hélas pas de support pour smartphone. Pour le démarrage, il faut aller chercher la clef dans la boîte à gants pour les Zipcar. Pour les véhicules DriveNow, il suffit de presser le bouton ” start “.

Zipcar
Zipcar© pg

6. A l’arrivée. A destination, la voiture peut être laissée dans la rue partout où le parking est autorisé. Même dans une zone de parcmètres ou dans une zone bleue, il ne faut pas payer ni mettre de disque. Il y a un accord avec les communes. Seules les axes rouges sont prohibés. L’application DriveNow indique ces zones sur la carte. Pas celle de Zipcar. DriveNow promet aussi d’ajouter des accès à des Interparking pour faciliter l’accès à des zones à stationnement difficile. Bonne chose : l’aéroport, où il y a moyen de laisser ou de prendre une voiture, moyennant un supplément de 10 euros (se parquer chez Avis, zone Rental Car pour Zipcar, et dans le parking P3 pour DriveNow).

7. Combien cela coûte-t-il ? Zipcar est le moins cher, avec 25 cents par minute, plus 10 euros pour les trajets vers ou depuis l’aéroport. DriveNow applique un tarif de base de 33 cents par minute. Les Mini décapotables coûtent 36 cents par minute en été, idem pour les i3 électriques. DriveNow propose un tarif de 19 cents par minute lorsque le véhicule est stationné (lors d’une petite course). Pour la facturation du temps passé, c’est DriveNow qui est le plus rapide. Dès la fermeture de l’automobile, le montant du trajet est envoyé par mail et affiché dans l’application. Zipcar a pris plus de temps (au moins 24h), mais se montre plus généreux pour les nouveaux clients : 60 minutes gratuites contre 20 pour DriveNow. Les tarifs sont tout compris : assurance, essence, parking (dans la rue). Pas les amendes, bien sûr… Les deux opérateurs proposent des tarifs forfaitaires pour un usage plus long : 15 euros l’heure et 69 euros pour 24 h avec Zipcar, 34 euros pour trois heures (80 km maximum) et 109 euros pour 24 h (200 km) pour DriveNow. En pratique, un trajet de la place Flagey au Cinquantenaire en Mini (de DriveNow), de 2 km et 13 minutes, a coûté 4,28 euros. Un trajet Zipcar du Cinquantenaire à Evere (Otan) revenait lui à 7,01 euros, pour 8,6 km et 28 minutes (il y eu plusieurs détours dus à des travaux). Le trajet entre Evere et la petite ceinture a coûté 7,25 euros pour l’aller avec DriveNow et 4,03 euros pour le retour avec Zipcar, via la rue Belliard et un bout d’autoroute. Ces sommes sont moindres qu’une course en taxi ou avec Uber, mais plus élevées qu’un ticket de tram/bus/métro (2,10 euros pour un billet Jump). Bon à savoir : si le réservoir affiche moins de 25 %, Zipcar et DriveNow donnent des minutes gratuites pour les clients qui font le plein (carte de carburant dans la boîte à gants).

Conclusions. Le service de voitures partagées en parking flottant est facile à utiliser. On s’y habitue rapidement. Il est bien adapté à des trajets courts. Il est plus cher que la STIB, mais moins cher que le taxi. C’est très compétitif quand on est à deux ou à trois. Le service qui nous paraît le plus satisfaisant est DriveNow, l’application est plus complète. Mais Zipcar offre un meilleur tarif. Pour un usage régulier, il est judicieux de s’inscrire aux deux services pour disposer de l’offre la plus étendue.

Nous avons testé la voiture partagée flottante
Voiture partagée ou voiture louée ?

La voiture partagée, ce n’est pas nouveau à Bruxelles. Elle existe depuis 2002, avec le lancement de Cambio. Mais la formule, inventée avant l’arrivée du smartphone, est basée sur des voitures garées sur des places de parking dédiées. Les formules se sont multipliées depuis deux ans et les approches sont à la fois différentes et complémentaires :

A stationnement libre C’est la dernière offre de voitures partagées, proposée par DriveNow et Zipcar à Bruxelles, et Car2Go dans d’autres villes européennes. Elle vise le déplacement court, de l’ordre de la demi-heure. Les voitures sont garées dans la rue et laissées à l’arrivée. Le service est possible grâce à l’usage du smartphone et du GPS. La course se paie à la minute, tout compris (carburant, assurance, stationnement). Usage optimal : pour aller au resto le soir, par exemple, ou à un rendez-vous.

A boucle fermée ou station based

C’est la formule de Cambio, de Zen Car (pour des voitures électriques), ou d’Ubeeqo (Europcar). Les voitures sont parquées dans des stations sur la voie publique, avec des places réservées, et doivent être ramenées à leur point d’origine. La formule convient pour des déplacements de quelques heures. Le service est généralement basé sur un abonnement.

Usage optimal : pour faire de grosses courses, rendre visite à des amis ou à de la famille hors de la ville.

La voiture partagée pour une courte période de particulier à particulier

Le service est organisé par des plateformes qui mettent en contact des particuliers qui louent leur voiture à d’autres particuliers pour quelques jours. La start-up belge CarAmigo propose ce service, et une assurance spéciale couvre le véhicule le temps de la location. Le français Drivy propose la même chose en Belgique depuis juin dernier. Usage optimal : pour partir en week-end.

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