Près d’un hôpital sur trois déficitaire en Belgique

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Quasi un hôpital belge sur trois était déficitaire (32%) en 2018, ressort-il de l’étude Maha (Model for Automatic Hospital Analyses) de Belfius. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport à l’année précédente. Cependant, la situation financière des hôpitaux demeure préoccupante.

L’exercice 2018 a de nouveau été faible pour les hôpitaux, apparait-il dans l’étude menée auprès de tous les hôpitaux publics et privés de Belgique. Ensemble, ils réalisent un résultat d’exploitation de 230 millions et un chiffre d’affaires de 15,543 milliards. Abstraction faite des éléments exceptionnels, le résultat courant ne s’élève qu’à 31 millions. “Cela signifie que la moindre perturbation des revenus peut avoir des conséquences catastrophiques dans le secteur”, commente Belfius.

Au total, quasi un hôpital sur trois était déficitaire (32%) en 2018. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport à l’année précédente où 44% des hôpitaux étaient dans le rouge. La position du cash-flow – qui indique dans quelle mesure les hôpitaux sont capables de respecter leurs engagements à court terme – s’est légèrement améliorée: 18% des hôpitaux sont confrontés à un cash-flow insuffisant et 2% à un cash-flow négatif. “Cependant, cette amélioration n’est pas structurelle, mais elle est due au versement unique de montants de rattrapage en 2018”, complète la banque.

Globalement, les hôpitaux généraux (qui excluent les hôpitaux académiques, universitaires) affichent un ‘total du bilan’ de 20,7 milliards, soit une augmentation de 1,9%. Avec des fonds propres (sans dotations d’investissement) de 23%, la situation bilantaire dans sa totalité reste saine. Les emprunts à long terme représentent 6,5 milliards, soit 33% du bilan, une diminution en comparaison avec 2017. “Les dettes à court terme ont, certes, augmenté de 125 millions d’euros (+ 41%) mais elles ne représentent que 5,7% des dettes totales”, ajoute Belfius. Cependant, il existe de grandes disparités entre les hôpitaux.

En 2018, le chiffre d’affaires a augmenté (+ 5,2%) pour s’établir à 15,5 milliards. Cela s’explique principalement par des produits pharmaceutiques et des traitements innovants, qui ont augmenté de 10,7%, notamment pour l’oncologie et l’immunothérapie. Les honoraires plus élevés des médecins ont également contribué substantiellement à la hausse du chiffre d’affaires. Ils se sont accrus de 5,3% pour s’établir à 6,4 milliards.

Les frais de personnel restent, eux, sous contrôle avec une hausse de 3,1%.

Par ailleurs, la transition vers l’hospitalisation de jour se poursuit. En effet, 60% des hospitalisations se font en hôpital de jour, tandis que le nombre de journées d’hospitalisation classiques continue à diminuer. “Pour pouvoir faire baisser le nombre de lits justifiés dans les prochaines années, il conviendra de toujours tabler sur les hospitalisations de jour, les formes de soins alternatives (hôtels de soins, hospitalisation à domicile) d’organiser davantage les soins à domicile et d’améliorer la diffusion électronique des données des patients”, expose Belfius.

Quant à la dynamique d’investissement de ces dernières années, elle a fortement ralenti en 2018: les investissements ont baissé de 19%. Au cours de la période écoulée, ce sont surtout quelques grands projets de construction qui ont fait la part belle aux investissements dans le secteur. Les hôpitaux se trouvent également dans une période de transition où les entités fédérées mettent de nouveaux mécanismes sur pied en vue du financement des infrastructures. “L’an dernier, les hôpitaux ont investi proportionnellement davantage dans l’équipement informatique nécessaire pour permettre la mutation vers des soins de santé où la gestion et l’échange des données des patients joueront un rôle de plus en plus important. La nécessité de renouveler l’infrastructure et les équipements médicaux va s’intensifier ces prochaines années. En termes d’investissements également, il existe de grandes différences entre les hôpitaux: certains ont fortement investi tandis que d’autres ont négligé de le faire ou l’ont déjà fait”, peut-on lire dans l’étude Maha.

“Voici déjà plusieurs décennies que les hôpitaux belges évoluent, d’entités individuelles et autonomes vers des organisations de soins plus larges qui collaborent entre elles. L’idée de grouper les hôpitaux en réseaux a ainsi vu le jour (…) Mais il ne faut pas y voir la solution miracle qui permettra de redresser la situation. Le secteur des soins de santé dans son ensemble sera confronté à des défis gigantesques ces prochaines années. La réforme fondamentale du système actuel de financement des hôpitaux est cruciale pour réussir la transition vers un paysage des soins de santé remanié. Il reste par ailleurs de multiples obstacles à surmonter, comme la législation TVA, le droit du travail, ou la faculté de fusionner certaines activités. Un système performant de gestion des données des patients constitue également une condition sine qua non”, conclut Belfius.

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