Brussels Airlines : les pilotes font de la résistance

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Lufthansa va injecter 100 millions d’euros dans Brussels Airlines… si le nouveau plan d’économies est accepté par les syndicats. Mais cela coince méchamment entre les pilotes et la direction.

Les semaines cruciales se suivent chez Brussels Airlines. Mais celle-ci, particulièrement, est l’une des plus déterminantes pour l’avenir de la compagnie aérienne. Car les négociations en cours entre les syndicats et la direction pourraient purement et simplement capoter, ouvrant la voie non plus à la mise à temps partiel d’une partie du personnel, mais bien à une vague de licenciements comme nous l’écrivions déjà le 27 septembre dernier.

Tout dépend aujourd’hui de la capacité de “résistance” des syndicats dans l’adoption des nouvelles mesures d’économies annoncées. Pour rappel, les négociations entamées il y a presqu’un an dans le cadre du plan “Beyond 2012-2013” avaient été rompues cet été, jusqu’à ce que la direction présente, le 8 octobre dernier, un nouveau plan stratégique lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire. Si ces nouvelles mesures d’économies demandent aux employés de réduire leur temps de travail (et donc leurs salaires) tout en augmentant leur productivité, il est loin d’être acquis que le personnel se pliera docilement aux desiderata de la direction. Or cette direction espère justement faire passer son plan afin d’obtenir les 100 millions d’argent frais promis par Lufthansa (actionnaire à 45%) pour refinancer la compagnie belge dont les pertes devraient à nouveau dépasser les 80 millions d’euros en 2012.

Salvateur, le nouvel investissement annoncé par Lufthansa privilégierait la réduction des vols européens (on parle de la suppression de trois Airbus A319 sur le Vieux continent pour l’été prochain) et surtout le développement des lignes long-courrier, en particulier vers les Etats-Unis, avec l’achat de six nouveaux A330 en l’espace de six ans. Mais encore faut-il que le plan d’économies soit avalisé par les syndicats pour que l’argent frais arrive. Car selon nos informations, les actuelles réunions de travail sont plus que tendues entre la délégation des pilotes et le management de l’entreprise. Quatre longues discussions ont ainsi déjà eu lieu ces 10, 11, 15 et 17 octobre entre des syndicats échaudés par les sacrifices exigés et le top management représenté notamment par le COO Peter Kranich, le responsable des ressources humaines Jan Vanoppré, le directeur des opérations Thibault Demoulin et son bras droit Tom Hendrickx. Et le moins que l’on puisse écrire est que l’ambiance est devenue carrément glaciale.

Aujourd’hui, l’effort le plus important est donc demandé aux pilotes (qui étaient encore au nombre de 527 en 2011) et à qui on propose une série de sacrifices tant sur les conditions de travail que sur les acquis sociaux. Mais les exigences de la direction sont telles désormais que certains membres de la délégation syndicale préféreraient carrément “un plan sanglant qui assurerait l’avenir de l’entreprise en remerciant honorablement une partie du personnel plutôt qu’un plan bancal qui mécontenterait tout le monde sans être nécessairement réjouissant pour le futur”. Reste qu’un tel “bain de sang” paradoxalement demandé par certains pilotes ne serait assurément pas bon pour l’image de Brussels Airlines aux yeux de sa chère clientèle …

Frédéric Brébant

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