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L’étrange silence des politiques face à la hausse des cours du pétrole

Doit-on en penser que cela fait leurs affaires? En tous cas, les lobbies du nucléaire sont ravis…

Décidément ces derniers jours, l’actualité économique nous joue des tours. Prenez le cas du baril du pétrole. Il vient à peine de tutoyer la barre des 120 dollars (ce qui est en soi déjà assez effrayant), et comme si cela ne suffisait pas, voilà que le président de l’OPEP, l’organisation des pays exportateurs de pétrole, déclare tranquillement dans un journal algérien que le baril risque d’atteindre les 200 dollars…

Autrement dit, s’il a raison, le prix à la pompe risque bel et bien d’atteindre deux euros le litre. Soit le prix à partir duquel les Belges ont déclaré qu’ils abandonneraient leur voiture au profit des transports en commun.

Grâce au ciel, on n’en est pas encore là. Mais ce qui est étonnant jusqu’à présent, c’est que l’évolution inquiétante du prix du baril ne suscite aucun commentaire des hommes politiques. C’est le calme plat: à l’inverse des années 70, personne ne nous dit aujourd’hui que nous serons peut-être demain condamnés à rouler uniquement les jours impairs. De même, personne ne nous parle d’un plan pour faire la chasse au gaspillage…

Non, comme je vous le disais, les politiques belges sont plus tournés vers l’affaire BHV que vers l’évolution de l’or noir. Bien entendu, c’est dommage. Mais la question est de savoir pourquoi. Sans être dans le secret des dieux, je pense que les politiques ont décidé de laisser jouer les mécanismes de marché. Et c’est finalement la loi du marché qui décidera du moment à partir duquel les automobilistes belges troqueront leur voiture contre le tram ou le bus.

Mais la théorie de la dissuasion par les prix ne convainc pas tout le monde. D’autres, plus vicieux ou plus malins, vous diront que cette hausse du prix du baril arrange ceux et celles qui sont pour un retour à l’énergie nucléaire. Comme vous le savez, la sortie du nucléaire a été décidée en Belgique, en partie grâce à la pression des mouvements écologistes et en partie aussi grâce au prix du baril qui fluctuait à l’époque autour des 10 dollars…

Evidemment avec un baril à 120 dollars et qui sait demain à 200 dollars, ce raisonnement ne tient plus la route. Et le lobby, non pas écologiste mais industriel cette fois, a beau jeu de prouver que pour maintenir les prix de l’énergie vers le bas, rien ne vaut une réactivation du programme nucléaire. D’aucuns diront en plus que le nucléaire est une bonne manière de garder l’inflation à distance: une manière déguisée de dire aux Belges que c’est soit le retour du nucléaire, soit la baisse de votre pouvoir d’achat…

En tout cas, ce qui est certain, c’est que la Belgique ne pourra pas faire l’économie d’un débat sur ce sujet, donc autant connaître les arrières pensées des uns et des autres.

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