Notre pouvoir d’achat plombé par la flambée des loyers ?

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Le pouvoir d’achat des Belges sera 3 % inférieur cette année qu’à son niveau de 2009, estime l’économiste Philippe Defeyt, qui attribue cette situation à la flambée de certains prix… et singulièrement à l’augmentation rapide des loyers. Le syndicat des propriétaires réagit avec fermeté.

Pouvoir d’achat en baisse et chômage en hausse cette année

L’année 2012 sera morose sur le plan socioéconomique, avec un pouvoir d’achat en baisse et un chômage en hausse, prévoit l’économiste Philippe Defeyt de l’Institut pour un développement durable.

1. Pouvoir d’achat. En 2012, le pouvoir d’achat moyen par tête sera de 3 % inférieur à ce qu’il était en 2009, année au cours de laquelle il a atteint un maximum historique. Le pouvoir d’achat des bénéficiaires des allocations minimales, en revanche, stagne depuis 10 ans, malgré des hausses hors-index.

2. Prix. Cette stagnation s’explique, selon Philippe Defeyt, par l’évolution plus rapide des prix pour les ménages concernés. En effet, entre 2000 et 2012, les prix des loyers (+ 44 %), de l’alimentation (+ 38 %) et de l’énergie (chauffage et éclairage, + 77 %) ont augmenté plus vite que l’indice global (+ 30 %). Or, ces produits et services représentent jusqu’à 80 % (voire plus) du budget des ménages à petits revenus. Au total, entre 2000 et 2012, le coût de la vie a augmenté de 31 % pour le consommateur moyen mais de 45 % pour les ménages à petits revenus qui sont locataires, conclut l’économiste.

3. Chômage. Si l’année 2011 a enregistré un léger recul du nombre de chômeurs, cette tendance à la baisse sera effacée en 2012. “On va, cette année-ci, retrouver un nombre de chômeurs proche des maxima observés au milieu de la décennie précédente, souligne Philippe Defeyt. Pour la population active salariée, le taux de chômage devrait en 2012 ainsi s’élever à un peu moins de 13 %. Mais ce taux de chômage est sous-estimé. En effet, si l’on tient compte des demandeurs d’emploi inoccupés, du chômage partiel et des travailleurs dont le temps partiel est involontaire, on peut estimer que le taux de sous-emploi (calculé en heures) des salariés est proche de 20 %.”

“L’indexation des loyers répond aux charges qui pèsent sur les bailleurs” (SNP)

Le Syndicat national des propriétaires et copropriétaires (SNP) a réagi avec fermeté à l’étude de l’Institut pour un développement durable qui attribue la baisse du pouvoir d’achat des ménages à petits revenus, en partie, à la hausse des loyers : “L’indexation annuelle des loyers est encadrée et se fait sur base de l’indice santé”, rappelle le syndicat.

Le SNP pointe l’accroissement des charges qui incombent aux propriétaires bailleurs et, notamment, l’augmentation des coûts en matière de construction et de rénovation “qui ne font l’objet d’aucun contrôle”. “Dans un tel contexte, demander une hausse supérieure à l’indice santé lors de la conclusion d’un nouveau bail n’a rien d’excessif, d’autant plus qu’au-delà des coûts de la construction, les propriétaires se sont vu imposer de nombreuses autres contraintes au cours des dernières années, comme le certificat de performance énergétique lors d’une remise en location.”

Les propriétaires plaident, dès lors, pour une intervention législative afin de modérer les majorations de prix dans le secteur de la construction. Ils regrettent que l’Institut de développement durable n’en tienne pas compte dans ses analyses.

Trends.be, avec Belga

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