Avec l’I.A., l’entreprise gantoise ML6 souhaite avoir un impact sur la société

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Entreprise gantoise en pleine croissance, ML6 entend devenir une référence européenne en matière d’intelligence artificielle. L’ouverture de bureaux à Amsterdam et à Berlin confirme son ambition internationale.

Le logiciel d’auto-apprentissage de ML6 possède de multiples domaines d’application. Ainsi, il détecte très tôt le tissu cancéreux sur des images médicales. Dans l’industrie, il programme automatiquement les travaux de maintenance sur les chaînes d’assemblage, prévenant une éventuelle panne. Il prédit les achats des clients sur un webshop à une période déterminée. Il rend plus intelligents les chatbots, les call centers à commande vocale et les interfaces informatiques. Il effectue des contrôles qualité automatiques.

Parmi les nombreuses entreprises et organisations qui utilisent la technologie intelligente de ML6 figurent quelques grands noms comme Randstad, Bekaert, Belfius, Fluvius, UZ Leuven ou Google. L’intelligence artificielle (logiciel d’interprétation intelligent) et l’apprentissage automatique (déduction à partir de données) constituent le socle commun des solutions personnalisées conçues par l’entreprise pour ses clients. Des algorithmes intelligents analysent les données provenant de différentes sources – sites internet, serveurs et capteurs, par exemple – pour donner naissance à des visions stratégiques, des prévisions pour l’avenir et une meilleure compréhension des clients. Entre autres.

Compréhensible et accessible

” Nos premiers clients étaient issus du retail et de l’e-commerce mais il est rapidement apparu que quasiment toutes les entreprises sont ou deviendront numériques, affirme Nicolas Deruytter, fondateur et gérant de ML6. Toute entreprise génère et stocke une masse importante de données. Tout l’art consiste à extraire de cette véritable mine d’or de nouvelles visions et des avantages commerciaux. ”

Du fait de la quantité, l’analyse manuelle des données des entreprises est pratiquement impossible. Le recours à un logiciel intelligent et auto- apprenant s’avère indispensable. ML6 se distingue des autres fournisseurs internationaux d’intelligence artificielle par l’accent mis sur la recherche appliquée. Peu importe la complexité de la technologie, il faut être capable de la présenter à ses clients et aux utilisateurs de la manière la plus compréhensible et la plus simple possible. C’est d’autant plus vrai si l’intelligence artificielle est utilisée pour des applications stratégiques ou opérationnelles.

Apprendre l’un de l’autre

L’expertise de ML6 n’est pas réservée aux grandes entreprises et aux multinationales. Ses applications intelligentes s’adressent tout aussi bien aux start-up qu’aux PME. Constructeur belge de motos vintage, Saroléa en est un bel exemple. Le groupe motopropulseur électrique de la MANX7, dernier modèle de la marque, possède un logiciel AI ( artificial intelligence). ” Cela signifie que chaque moteur ‘sait’ précisément quels sont les meilleurs réglages dans n’importe quelles conditions de conduite, ce qui permet d’optimiser les performances et de bénéficier d’une autonomie accrue, explique Bjorn Robbens, CEO de Saroléa. Non seulement le moteur est optimisé en permanence, mais tous les moteurs sont connectés les uns aux autres via une puce, de sorte qu’ils apprennent les uns des autres. Plus il y a de motos et de données, plus l’optimisation est poussée. ”

Peu importe la complexité de la technologie, il faut être capable de la présenter de la manière la plus compréhensible possible.

La technologie sera bientôt également utilisable pour d’autres applications dans le secteur automobile. ” Bus, camions et même vélos : nous voyons large. Nous souhaitons regrouper la technologie et les connaissances acquises en collaboration avec ML6 pour, dans les années à venir, proposer une solution ‘clé en main’ à d’autres fabricants “, conclut Bjorn Robbens.

Un rôle sociétal

Lancée il y a six ans à peine, la prometteuse start-up est devenue une entreprise en pleine croissance qui emploie désormais 50 collaborateurs. Selon le cabinet d’audit Deloitte, Skyhaus – dénomination officielle de ML6 – figure dans le top 10 des entreprises technologiques belges à la croissance la plus rapide et elle est celle qui, dans le domaine de l’intelligence artificielle, croît le plus rapidement. Si son chiffre d’affaires n’a pas été communiqué, Skyhaus est rentable : selon Trends Top, la marge brute a plus que doublé, passant de 318.543 euros en 2016 à 890.780 en 2017 avec un cash-flow de 403.992 euros pour cette même année. Pour pouvoir mieux répondre à la demande du marché, elle a ouvert deux bureaux à l’étranger, l’un à Amsterdam fin 2018 (sept collaborateurs) et l’autre à Berlin début 2019 (trois collaborateurs).

L’ambition de ML6 de devenir un acteur majeur de l’intelligence artificielle en Europe ne lui fait pas oublier le respect des principes de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). ” Nous continuerons en effet de nous intéresser dans les années à venir à des applications qui servent l’intérêt général, telles que le dépistage du cancer ou l’efficacité énergétique pour laquelle nous avons d’ailleurs lancé une spin-off baptisée Waizu, assure Nicolas Deruytter. Parmi nos projets, nous souhaitons aider les 20 entreprises les plus polluantes au monde à améliorer leurs process de production de sorte de réduire la pollution qu’elles provoquent. Ce sera une manière très concrète de contribuer au ralentissement du réchauffement climatique. Et plus nous grandirons, plus nous pourrons assumer ce rôle sociétal. ”

Offrir des opportunités

Pour atteindre ses objectifs de croissance, ML6 a développé sa propre politique de formation. ” Certains profils techniques sont tellement spécialisés et spécifiques que nous nous chargeons nous-mêmes de la formation de nos collaborateurs, constate Nicolas Deruytter. C’est le seul moyen de leur garantir les compétences les plus pointues et les plus récentes. En matière d’intelligence artificielle, les compétences requises vont bien au-delà de la théorie apprise dans les filières traditionnelles de formation. ”

” Nous organisons nous-mêmes de nombreux événements, nous participons à des salons de l’emploi et nous travaillons activement notre image de marque employeur “, poursuit le gérant. Cette image revêt beaucoup d’importance et ML6 la cultive de différentes manières : diffusion de vidéos explicatives sur YouTube, soutien à des clubs d’étudiants ingénieurs ou présentation de certains résultats de ses recherches par le biais de conventions et de plateformes internationales telles que NIPS ( une organisation à but non lucratif, référence en intelligence artificielle, Ndlr).

ML6 éprouve des difficultés à recruter des talents commerciaux. ” Dans ce domaine-là, tout l’art consiste à présenter aux clients potentiels une technologie complexe de la manière la plus compréhensible et la plus simple possible, ajoute le responsable. Il semble que les profils combinant talent commercial et compréhension des technologies soient particulièrement rares. Nous cherchons encore les meilleurs moyens de recruter de bons vendeurs. Par ailleurs, nous avons mis en place une politique de rétention stratégique de notre personnel. La chose la plus importante que j’ai apprise en tant que dirigeant est qu’il faut donner des opportunités aux gens. Les personnalités introverties doivent avoir la possibilité de s’épanouir au sein de l’entreprise. Les employés ambitieux doivent pouvoir suivre un cheminement de carrière correspondant à leur tempérament et relever de nouveaux défis. Ces aspects prennent de plus en plus d’importance à mesure que ML6 grandit. ”

Par Dimitri Dewever.

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