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La punition la plus dure n’est pas forcément la plus spectaculaire

La presse a raison de dire que la punition la plus dure n’est pas forcément la plus spectaculaire. Dans le cas de la banque BNP Paribas, c’est même une évidence. Comme vous le savez, cette banque française est poursuivie par les juges américains pour avoir violé un embargo économique sur des pays ennemis des Etats-Unis (Soudan, Iran, Cuba). Depuis lors, les rumeurs les plus folles courent sur le montant de l’amende dont devrait s’acquitter BNP Paribas : on a d’abord parlé de 2 milliards de dollars, puis de 10 milliards et certains articles de presse vont encore plus loin, en évoquant un montant de 16 milliards !

Pour le moment aucun de ces chiffres n’a été confirmé officiellement, puisqu’il s’agit le plus souvent de rumeurs et de chiffres distillés par la presse américaine, et notamment via le très sérieux Wall Street Journal. Mais l’affaire est tellement prise au sérieux qu’elle a fait l’objet d’une intervention officielle de la part de François Hollande auprès de Barack Obama, non pas pour dire que BNP Paribas n’avait rien à se reprocher, mais pour demander au président américain que son département de la justice applique des peines qui soient proportionnelles à la faute commise par BNP Paribas.

Et c’est là où j’en viens au coeur de mon sujet : ce qui inquiète le plus BNP Paribas, c’est moins l’amende (même si elle effacera sans doute un an de profit de la banque). Ce qui inquiète encore plus la direction de BNP Paribas, c’est la volonté affichée par les juges américains de suspendre ses activités de compensation à New York, autrement dit, cela reviendrait à interdire à BNP Paribas de transférer des dollars à travers le monde au nom de ses entreprises clientes !

Bien entendu, cette interdiction serait provisoire, mais en attendant, elle serait extrêmement pénalisante pour une banque internationale comme BNP Paribas. Comment pourra-t-elle accompagner ses clients à l’international si elle est privée de ce service de base ?

Bien entendu, BNP Paribas pourrait demander à une autre grande banque d’assurer ce service en son nom contre une commission, mais quand des clients doivent aller voir une banque rivale pour obtenir des services de base, le risque est grand de les perdre. Et donc cette option n’enchante pas BNP Paribas, sans compter qu’en déléguant ce genre de services, le risque aussi est d’avoir des erreurs dans les instructions de paiement.

Bref, c’est clair, si BNP Paribas devait perdre son accès au dollar, la punition serait nettement plus sévère aux yeux de ses dirigeants que l’amende de 10 milliards de dollars dont la presse parle tout le temps. Le vrai danger, c’est qu’indirectement BNP Paribas perdrait de la sorte pas mal d’activités lucratives aux Etats-Unis. Au final, c’est vrai, cela ne mettrait pas en danger BNP Paribas, mais cela écornerait son image et donc sa rentabilité. Reste à voir maintenant si des têtes vont tomber au siège de BNP Paribas à Paris. C’est la question qui agite le landerneau parisien.

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